ÉTAGES DE VÉGÉTATION

Par Gilles Corriol

(du Conservatoire Botanique National des Pyrénées)



Territoire d'étude.

Il s'agit de la partie orientale des Pyrénées françaises, jusqu'au littoral méditerranéen, centré sur le département des Pyrénées Orientales. Il comprend les secteurs suivants : plaine du Roussillon, côte rocheuse du Sud-Roussillon, Basses-Albères, Albères, Aspres, Conflent, Vallespir, Capcir, Quérigut, Cerdagne, Haut-Carol. Ce territoire à cheval sur deux domaines bioclimatiques (méditerranéen et eurosibérien) et des altitudes comprises entre 0 et 2921 m, incluant des habitats littoraux et de haute montagne, présente en conséquence une très forte diversité de milieux naturels qui se reflète sur une flore très riche et certainement également une fonge d'une grande diversité.

Etages altitudinaux des Pyrénées orientales.

Dans une première approche typologique pour présenter les différents habitats des Pyrénées orientales, compte tenu de la topographie de cette région, on distinguera plusieurs étages altitudinaux. Ces étages sont subordonnés chacun à un certain nombre de caractéristiques écologiques (en particulier climatiques, mais aussi de sol) distinctes et caractérisés par des types de végétation et des communautés fongiques (mycocénoses) associées distinctes. Compte tenu des nombreux paramètres qui entrent en jeu, il ne faut pas considérer qu'ils soient encadrés par des limites d'altitudes strictes, mais plutôt s'intéresser à la répartition des végétations qui les caractérisent, végétations qui seront présentées ultérieurement.


1) L'étage mésoméditerranéen

Depuis le littoral méditerranéen jusqu'à des altitudes variant de 400 à 600 m en fonction des roches et de l'exposition. Cet étage est franchement soumis au climat méditerranéen avec une période sèche estivale marquée, des pics de précipitations en automne, des températures élevées (moyennes annuelles de 12 à 16 °) et des hivers doux avec très peu de gelées (moyenne des minimums du mois le plus froid de 3 à 0°C). On peut distinguer des sous-secteurs en fonction des précipitations moyennes annuelles : inférieur à 600 mm sur une frange littorale (type sec) et plus élevée mm plus à l'intérieur des terres (type subhumide).

La végétation naturelle zonale est constituée de chênaies mixtes à chêne vert et chêne pubescent. Toutefois, du fait d'une utilisation humaine intense et ancienne, cette végétation est très largement dégradée et sa régénération est devenu impossible dans de nombreux secteurs.

Principaux secteurs concernés : plaine du Roussillon, côte rocheuse du Sud-Roussillon, Basses-Albères

Quelques champignons centrés sur cet étage : Russula ilicis, Suillus mediterraneensis, Hexagona nitida, Mycena smithiana, Hebeloma cistophilum, Lactarius tesquorum

 

2) L'étage supraméditerranéen (étage collinéen sous influences méditerranéennes)

En s'élevant en altitude, à partir de 400 à 600 m et jusqu'à 800-1000 m, les conditions thermiques et le régime des précipitations se modifient, atténuant progressivement les influences méditerranéennes. Les températures moyennes annuelles sont comprises entre 8 et 12 °C alors que la moyenne des minimums du mois le plus froid est comprise entre 0 et -3°C. Les précipitations sont en moyenne plus élevées (700-800 mm), mais suivent globalement la même répartition annuelle.

Dans la végétation apparaissent de nombreux éléments eurosibériens, alors que les espèces méditerranéennes sont encore représentées hormis les plus exigeantes en chaleur. La végétation naturelle zonale est constituée de chênaies caducifoliées (en particulier à chêne pubescent).

Principaux secteurs concernés : Albères, Aspres, Conflent, Vallespir

Quelques champignons centrés sur cet étage : Russula maculata, Hygrophorus russula, Xerula pudens, Amanita caesarea

 

3) L'étage montagnard

A partir de 900 à 1200 m, selon l'exposition, le confinement. Les températures moyennes annuelles s'abaissent encore (entre 4 et 8 °C) et les influences méditerranéennes s'éteignent, on passe dans le domaine eurosibérien. Un étage montagnard méditerranéen (ou oroméditerranéen) est présent de façon fragmentaire et localisé (massif du Madres), ou l'on trouve quelques pelouses caractéristique et très localement une plante typique de cet étage : Erinacea anthyllis. A l'étage montagnard, on observe globalement une plus forte humidité et nébulosité et les précipitations sont encore accrues (800-900 mm). Toutefois, on peut distinguer deux secteurs tranchés dans la dition : un secteur abrité, continental, plus sec, centré sur la Cerdagne et un secteur nettement humide, largement soumis aux influences océaniques.

La végétation naturelle zonale de l'étage montagnard est constituée de hêtraies-sapinières ou de sapinières et pineraies (pin sylvestre et pin à crochet) dans les secteurs les plus continentaux. Cette végétation a été largement dégradée et les hêtraies et sapinières ne s'observent plus que dans les secteurs les plus humides. Les pineraies occupent actuellement de bien plus grands espaces dans les secteurs abrités des influences océaniques.

Principaux secteurs concernés : Conflent, Vallespir, Capcir, Quérigut, Cerdagne, Haut-Carol

Quelques champignons centrés sur cet étage : Lactarius intermedius, Russula mustellina, Phellinus hartigii, Tremiscus hellvelloides, Cantharellus friesii, Hygrophorus capreolarius, Chrysomphalina grossula, Pluteus tricuspidatus, Mycena crocata, Xeromphalina campanella

 

4) L'étage subalpin

A partir de 1700 à 1900 m, caractérisé par une atmosphère plus sèche et lumineuse, une température annuelle moyenne de -2 à 4 °C, une période de végétation de moins de 200 jours et une température moyenne du mois le plus froid comprise entre -4 et -7°C. Du fait de l'altitude, les précipitations annuelles sont élevées (pouvant dépasser 1000 mm annuels) et une partie importante tombe sous forme de neige.

La végétation naturelle zonale est constituée de pineraies de pin à crochet.

Principaux secteurs concernés : Conflent, Capcir, Quérigut, Cerdagne, Haut-Carol

Quelques champignons centrés sur cet étage : Bovista nigrescens, Exobasidium rhododendri, Melanoleuca favrei, M. pseudoevenosa, M. subalpina, Neolentinus lepidus, Onnia tomentosa, Russula firmula, R. integra.

 

5) L'étage alpin

Au delà de 2300 à 2500 m, étage naturellement suprasylvatique (la végétation forestière ne peut s'y installer du fait des conditions climatiques drastiques : période de végétation inférieure à 100 jours et température moyenne annuelle inférieure à 0°C). Ce critère reste cependant difficile à estimer, la limite actuelle des arbres ayant été souvent fortement abaissée par les pratiques humaines passées. Le cumul des précipitations annuelles est élevé (>1000 mm en moyenne), majoritairement sous forme de neige. Les contrastes hydriques et thermiques pendant la courte période de végétation sont très forts.

La végétation naturelle est constituée de pelouses.

Principaux secteurs concernés : Conflent, Cerdagne, Haut-Carol

Quelques champignons centrés sur cet étage : Russula alpigenes, Cortinarius alpicola, Hebeloma marginatulum

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