Par Serge Poumarat
Une méthode consiste à comparer la récolte avec des photos ou dessins dans divers ouvrages de vulgarisation. Méthode rapide mais très aléatoire quant au résultat, et qui a surtout l’inconvénient de ne faire faire aucun progrès à qui la pratique.
La méthode à préconiser est une méthode analytique qui consiste à « décortiquer » la récolte sous tous ces aspects pour la faire rentrer dans une case : famille, genre, groupe d’espèces…
Cela passe par plusieurs phases.
A) Apprendre les caractères à observer et le vocabulaire descriptif. Les formateurs d'une société mycologique seront d'une aide très précieuse. En parallèle, on trouvera dans les ouvrages de vulgarisation bien fait un glossaire expliquant les termes techniques. On y trouvera aussi une sorte de « glossaire illustré » sous forme de dessins schématiques des différents caractères macroscopiques avec le vocabulaire descriptif.
Ouvrages de vulgarisation où l’on trouve de tels glossaires (liste non limitative) :
- Marcel Bon : Champignons d’Europe occidentale.
- Didier Borgarino : Le guide des champignons
- Régis Courtecuisse et Bernard Duhem : Les champignons de France.
B) Apprendre les caractères discriminants des différentes familles et des principaux genres.
Les caractères macroscopiques utilisés pour caractériser les familles ou genres sont, par exemple, la couleur de la sporée, la silhouette, la consistance de la chair et des lames, l’insertion des lames sur le stipe, la séparabilité du stipe et du chapeau, la présence ou non d’un voile général ou partiel (pour simplifier volve ou anneau), la viscosité du chapeau, etc…
Par exemple, le genre Agaricus est caractérisé par sporée noirâtre, une chair fibreuse, une stature charnue sauf exceptions, les lames libres et non déliquescentes, le stipe séparable du chapeau, la présence d’un anneau, un chapeau convexe ou plan ni visqueux ni hygrophane. Caractères secondaires : lames souvent rouges au début, chair souvent rougissante ou jaunissante au froissement ou à la coupe, odeur parfois anisée, d’amande amère ou de phénol (encre d’écolier).
Si on a en mémoire tous ces caractères, on ne va pas confondre Stropharia coronilla avec un petit Agaricus si on remarque la cuticule visqueuse (ainsi que le dessus de l’anneau cannelé) de la première.
Là encore, les formateurs des sociétés mycologiques vous guideront très efficacement.
C) Utiliser les clés de détermination disponibles dans les ouvrages de vulgarisation.
La plupart de ces clés sont dichotomiques, c’est-à-dire, qu’à chaque stade elle propose un choix entre 2 alternatives.
Exemple :
1) chapeau rouge ....................... 2
1*) chapeau bleu ....................... 5
2) odeur anisée .......................... 3
2*) odeur terreuse .................... 4
Si notre champignon a un chapeau rouge, on va à l’alternative 2 où, là, on a le choix entre 2 odeurs. Comme l’odeur de notre récolte est terreuse, on poursuit avec l’alternative 4, et ainsi de suite. A la fin, on arrive à une solution possible. On se reporte à la description du taxon et on compare tous les caractères avec notre récolte.
La plupart de ces clés s’arrêtent au niveau du genre (cas des livres de Marcel Bon ou de Didier Borgarino) ou, plus rarement sans l’aide du microscope, au niveau des espèces les plus courantes comme c’est le cas du livre de Courtecuisse et Duhem.
Pour
en savoir plus sur les clés
de déterminations
Pour faire des progrès rapides et solides, rien ne remplace l’enseignement oral avec un investissement personnel chez soi pour mettre en place les « cases » (familles, genres, groupes d’espèces) dans lesquelles on fera rentrer les nouvelles connaissances. Avec cette méthode de travail et l'aide indispensable d'un formateur, l'amateur peut aller très loin dans la reconnaissance macroscopique des champignons.
Après ce premier stade, et la passion mycologique grandissante, un nombre de plus en plus important d'amateurs s'équipent d'un microscope. En effet, seul celui-ci permet, dans beaucoup de genres, d'arriver à une détermination sûre pour peu d'avoir une documentation appropriée.
Un livre indispensable pour débuter en microscopie : Manuale di microscopia dei funghi écrit en italien par Maria Teresa Basso (Mykoflora). Prévu en 2 volumes, seul le premier est pour l'instant disponible.
Vous
trouverez, entre autres, beaucoup de conseils, de la documentation sur les
réactifs chimiques qui nous sont utiles, de photos prisent au microscope,
sur l'excellent site de Marcel
Lecomte