par Serge Poumarat
Pourquoi
photographier?
Les raisons de photographier les champignons
sont nombreuses. Si d'abord, nous les photographions pour conserver
le souvenir d'une rencontre, d'une émotion, nous utiliserons
ces photos pour contrôler une détermination, revoir des
détails qui ne nous auront pas paru essentiels sur le moment,
se remémorer une espèce. Ces documents serviront aussi
à des présentations lors de séances d'initiation
sous forme de diaporamas plus ou moins élaborés.
Mais
comment photographier?
Les
techniques de photographies
Nous ne parlerons pas ici ni du
matériel photographique nécessaire ni du choix de la
photo numérique ou argentique mais des techniques de
photographies qui ne dépendent pas des choix précédents.
Il
existe deux grandes écoles : la photo sur le terrain et la
photo sur fond neutre. La première a pour but essentiel de
montrer les champignons dans leur environnement, la seconde de
montrer le plus de détails possibles dans des conditions
comparables pour toutes les photos. La première technique est
souvent trouvée plus esthétique tandis que la seconde
est beaucoup plus pédagogique.
Dans tous les cas, une
chose essentielle, trop souvent sacrifiée au nom de
l'esthétisme, est la coupe d'un exemplaire pour apprécier
tous les détails de la chair indispensables pour une bonne
connaissance de l'espèce et pour une confirmation de
détermination ultérieure. Il paraît que ce n'est
pas esthétique! Pour notre part, une photo sans coupe, nous
privant d'une possibilité de détermination ou de
contrôle de celle-ci ou nous privant d'une comparaison avec une
récolte ultérieure par l'absence d'un caractère
souvent essentiel, nous frustre énormément. Et une
photo frustrante, nous ne la trouvons pas esthétique mais
inutile!
La photo sur fond neutre
-Le trépied. (photo A)
Comme
il n'y a pas de transport, son poids peut être élevé.
Il doit être bien stable, muni d'une tête démontable
et d'un filetage en-dessous permettant un montage inversé vers
le bas. Les pieds doivent pouvoir s'écarter suffisamment.
-Le fond. (Photos B et C)
Photo B
Pour éviter d'avoir des ombres, nous utilisons la technique du double fond décrite par S. Azzolini (AZZOLINI S., 1993. Une image photographique sans ombre. Bull. FAMM, N. S., 3 : 5-8) Le premier rectangle de plastique en partant du bas doit être réfléchissant et de couleur neutre, le gris clair nous paraissant le meilleurs compromis. Pour certaines espèces grises ou pour mettre en évidence des lames un peu grisâtres par exemple, nous devrons choisir une autre couleur de fond. Le rectangle de plastique du dessus est transparent et totalement neutre, dépoli sur les deux faces pour éviter les reflets. Un rectangle de plastique transparent dépoli à l'aide de la paille de fer la plus fine existante fera parfaitement l'affaire et sera facile à nettoyer
-Le réflecteur.
Photo C
Le
réflecteur sert à éviter de sous-éclairer
certaines zones. Les deux photos D et E, l'une faite avec un
réflecteur et la deuxième sans, démontrent
l'utilité d'un tel accessoire. Vous pouvez construire
vous-même un réflecteur avec 3 carrés ou
rectangles de carton blanc articulés grâce à
quelques bandes de toile collante genre Elastoplaste (voir photo B,
face avant, et photo C, face arrière).
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Photo D |
Photo E |
-L'index centimétrique. Indispensable. Il permet d'apprécier la taille des champignons photographiés en l'absence de tous repères. Il est tout à fait possible de le fabriquer soi même.
-La
lumière. Les meilleurs résultats sont obtenus avec
la lumière du jour du début de l'après-midi, en
évitant absolument le soleil direct. Dans ces conditions et
avec un réflecteur, il n'est pas nécessaire d'utiliser
un flash ou d'autres lumières d'appoint.
-Préparation
de la photo. Il faut veiller à garder le fond propre : ni
débris de terre ni trace de viscosité des champignons
précédents. Il est parfois nécessaire de
nettoyer les exemplaires choisis avec un pinceau ou un chiffon humide
en faisant très attention à ne pas abimer les éventuels
voiles ou squames. Il vaut mieux renoncer à bien nettoyer les
champignons plutôt que de faire disparaître un détail.
Les champignons seront disposés le plus serré possible,
avec un cadrage lui aussi très serré. En effet, ce
n'est pas le fond neutre qui nous intéresse! Pour les
champignons à chapeau, celui-ci sera dirigé vers la
source de lumière, les lames étant éclairées
par la lumière réfléchie. Autre recommandation
importante : bien s'assurer que toutes les différentes parties
soient visibles et ne surtout pas oublier de faire une coupe pour
montrer la chair. Eventuellement, les réactions macro
chimiques pourront être pratiquées avant la photo. Il
peut être aussi très intéressant de faire un gros
plan sur certains détails ou de photographier à nouveau
les mêmes exemplaires plus tard pour montrer les variations de
couleur ou de striation du chapeau entre l'état imbu et à
l'état sec.
Vous pouvez, si vous le désirez, télécharger la première partie de ce document (photo sur fond neutre) au format pdf : Document pfd
La photo sur le terrain
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Il ne faut
pas confondre la photo réalisée sur le terrain, à
l'endroit même de la poussée, pour montrer l'habitat et,
dans certains cas, la façon de pousser, et la photo réalisée
sur un fond de végétaux totalement reconstitué.
Cette dernière peut être anti-pédagogique si le
fond est mal choisi ou édulcoré et nous ne voyons pas
l'avantage à pratiquer ainsi, avec un fond qui aura perdu sa
vocation pédagogique, par rapport à un fond neutre qui
aura au moins l'avantage de ne pas noyer le regard mais au contraire
de ne lui présenter que l'utile. L'avantage d'une photo
réalisée sur le terrain et de conserver toute la
fraicheur d'une récolte et d'éviter les salissures dues
à la manipulation ou au transport. Dans le cas des espèces
hygrophanes, il est souhaitable de faire une autre photo sur fond
neutre pour montrer la couleur du chapeau en cours de déshydratation
ou une fois déshydraté.
Les réglages dépendants de chaque appareil et des caractéristiques de chaque photo (comme, par exemple, la distance pour la puissance du flash), nous ne donnerons ici que les principes généraux. Le principal problème d'une photo sur le terrain est la lumière. Sauf en cas de ciel voilé (ciel blanc), il faut bannir la photo en pleine lumière. Pour cela, il faut soit faire écran avec son corps quand c'est possible (en évitant de porter des vêtements trop colorés) soit utiliser un écran de couleur neutre. Ce écran peut être totalement opaque ou translucide : neutre et translucide étant l'idéal. Très souvent, la photo est réalisée dans la lumière filtrée d'un sous-bois. Dans ce cas, il est souvent indispensable d'utiliser un flash pour compenser l'absence de certaines longueurs d'ondes dans cette lumière particulière des sous-bois. Même problème et même solution avec une lumière rasante de fin d'après-midi. Bien sûr, comme pour la photo sur fond neutre, un réflecteur est très souhaitable pour éviter les zones mal éclairées.
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Deux autres accessoires peuvent être utiles : une paire de ciseaux pour couper les herbes et tiges gênantes et une protection pour s'agenouiller sur un sol détrempé : simple sac plastique ou tapis plus ou moins sophistiqué.
Le choix du trépied est très délicat. L'idéal : solide, stable, léger (qualités rarement compatibles entre elles ou...avec la bourse) et permettant de prendre des photos au ras du sol ou, au contraire, à une certaine hauteur. En pratique, outre le trépied principal, un deuxième trépied léger et peu encombrant est très pratique.
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Photo C. Fridlender |
Et bien entendu, comme pour la photo sur fond neutre, il faudra veiller à montrer tous les détails sans oublier l'indispensable coupe.
Une photo numérique sur le terrain se termine...à la maison. En effet, un traitement à l'aide de logiciels spécialisés s'avère souvent nécessaire.