par Maurice Bigorre
Ces conseils s'adressent bien entendu aux débutants, les "anciens" étant censés connaître tout cela.
I - Où récolter?
Sachez que, dans notre pays, tout espace est propriété privée
: propriété privée d'un particulier, d'une société,
d'une commune, etc..., et même de l'Etat (forêts domaniales), mais
toujours propriété privée.
Tout propriétaire peut vous interdire l'accès à sa propriété,
et, a fortiori, toute cueillette, et ce, même si aucune signalisation
rappelant cette interdiction n'a été mise en place.
Le Législateur assimile même la cueillette des champignons chez
autrui à un vol.
Toutefois, de nombreux propriétaires laissent le libre accès à
leur forêt. Généralement,
mais ce n'est nullement une règle absolue, l'accès des forêts
domaniales est libre, sauf ce qui sera dit plus loin quant au problème
de la chasse.
Soyez donc diplomates. Sauf accord du propriétaire, vous êtes tolérés,
mais pas prioritaire.
Par ailleurs, d'autres
utilisateurs de nature fréquentent les mêmes espaces que vous,
et notamment les chasseurs.
Ces derniers sont, sauf le cas de braconnage, toujours dans leur droit : ils
ont, soit payé la location de chasse, soit ils bénéficient
du droit de chasser dans le cadre de la Loi Verdeille.
Même si certains chasseurs, forts de leurs droits, sont quelque peu intolérants,
il en est le plus souvent de censés et accessibles à la discussion.
Et par ailleurs, s'il appartient aux chasseurs de rester maîtres de leurs
tirs et d'identifier tout gibier avant le tir, n'oubliez pas quand même
que, si vous n'aviez pas le droit de pénétrer sur une propriété,
une part de responsabilité pourra rester à votre charge, ou à
celles de vos ..... héritiers.
Fuyez donc notamment les battues, en tentant d'anticiper. Les chasseurs mettent
généralement en place des pancartes avertissant qu'une battue
a lieu dans le secteur. Le seul problème est que, généralement,
nous sommes déjà à l'intérieur de l'enceinte lorsqu'ils
décident, pour des raisons techniques intrinsèquement cynégétiques,
de faire tel ou tel bois.
Il n'y a rien de plus désagréable et dangereux que de se trouver
dans l'enceinte d'une battue.
Bien souvent, au demeurant, les propriétaires forestiers qui louent d'une
part leurs forêts aux chasseurs, et, d'autre part, négocient la
récolte des champignons, prévoient un calendrier des jours de
chasse et des jours champignons, qui ne sont donc jamais les mêmes.
II - Comment prélever?
Chaque fois que cela est possible, il est préférable de faire
tourner délicatement le champignon sur son pied jusqu'à ce qu'il
se détache. Le couper avec un couteau, comme il était conseillé
dans le temps, ne semble pas être aujourd'hui la meilleure méthode,
mais au contraire la porte ouverte aux maladies.
Vous pousserez le soin à apporter au mycélium en le recouvrant
d'un peu de terre.
III - Pour ceux qui
consomment partie de leur récolte, voici quelques règles à
ne jamais transgresser au niveau de la sécurité :
- ne mangez que les champignons que vous connaissez parfaitement comme comestibles.
Et n'en mangez qu'en très petite quantité.
- ne cueillez que les individus frais.
- mettrez-les dans un panier; en aucun cas dans une bourse en plastique où
ils fermenteront au point qu'ils en deviendront toxiques.
- ne les mélangez surtout pas à d'autres espèces, et faîtes les identifier par
un spécialiste. Les pharmaciens ne sont pas tenus à cette identification.
Toutefois, soit ils le feront volontiers, soit ils vous renverront sur une association
mycologique.
- ne vous fiez jamais au "type" rencontré dans la forêt qui se dit compétent,
même s'il mange devant vous une espèce, les toxines n'agissant pas immédiatement.
- oubliez tous les dictons populaires, tel que ceux affirmant que les champignons
bien cuits ne sont plus toxiques. Certains champignons sont effectivement toxiques
crus (morilles par exemple) et comestibles cuits. Mais d'autres qui seraient
cuits pendant trois jours et plus restent mortels. Idem pour ceux qui sont consommés
par les animaux. Ce n'est nullement une garantie pour l'homme. Quant aux histoires
de la pièce qui change ou non de couleur suivant la toxicité, et autres balivernes
d'une autre époque, il convient aujourd'hui d'en rire.
Nous vous conseillons de lire à ce sujet la page de ce site consacrée
à la mycotoxicologie.
Et l'éthique?
Enfin, en toutes occasions soyez respectueux des autres et des biotopes :
N'abandonnez pas vos détritus sur le terrain.
Ne donnez pas le coup de pied inutile aux champignons que vous ne connaissez
pas, et que vous jugez : "pas bons", parce qu'ils ne sont pas comestibles.
Sachez que de nombreux champignons sont nécessaires à l'équilibre
de la forêt, grâce aux échanges qui ont lieu notamment entre
les arbres et lesdits champignons.
Et puis, soyons modestes : nos connaissances sont-elles si sûres que nous
puissions qualifier un quelconque organisme de nuisible?
Le comportement de l'homme vis à vis de ce qu'il qualifie ou a qualifié
de "nuisibles" appelle pour le moins à nous interroger.
Ainsi il y a peu encore, l'homme n'avait de cesse que d'exterminer les rapaces,
tous jugés nuisibles. Aujourd'hui, ils sont protégés, et
réintroduits.
La nature est fragile. Respectez la.
Enfin un point sur lequel
nous insisterons particulièrement :
Ce site est un site de mycologues.
Si nous avons donné quelques conseils s'adressant à tous, y compris
à l'amateur de champignons pour la "casserole" s'"aventurant"
sur notre site, il est bien évident que le mycologue ne ramasse les champignons
que pour les étudier.
Une bonne devise d'une société mycologique devrait être
:
"on ne ramasse que les champignons qu'on ne connaît pas".
Et, bien entendu, en aucun cas, le mycologue respectueux de la nature et soucieux de sa discipline ne se transformera en ce que nous appellerons un "casserolier" ou un "traîne-panier", l'appartenance à une association mycologique ne devant en aucun cas être mise à profit pour remplir son congélateur ou ses tupperwares.